Joseph Beuys, Capri-Batterie, 1985, Scottish National Gallery of Modern Art 
Willem Kalf, Nature morte au nautile, huile sur toile, musée des Beaux-Arts de Strasbourg 
Edouard Manet, Le citron, huile sur toile, 1880, Musée d’Orsay, Paris 
Paula Modersohn-Becker, Autoportrait avec citron, 1906-1907, huile sur carton, Hambourg 
Andrea Della Robbia, Madone aux chérubins, terre cuite émaillée, musée du Louvre, Paris 
Arcimboldo, L’Hiver, 1573, musée du Louvre, Paris 
Roy Lichtenstein, Still Life with Goldfish, 1972, huile et Magna sur toile, cp 
Henri Matisse, Philodendron noir et citrons, 1943 
Johannes Vermeer, La jeune fille au verre de vin, 1660, Brunswick
Agrume adoré, soleil de mes jours, voici le temps de faire honneur au citron.
Peint, sculpté, dessiné,… l’icône de Menton est parfois une oeuvre en elle-même.
Mon or jaune personnel est la star des natures mortes hollandaises du XVIIe siècle, où il est le symbole des richesses d’Orient. Il peut aussi y représenter la finitude humaine, comme un memento mori (“souviens-toi que tu vas mourir”) quand il est représenté pelé. Son écorce est alors une métaphore de la chair humaine (l’enveloppe matérielle), secondaire face à l’éternité de l’âme figurée par la pulpe (l’essence spirituelle). A moitié nu, il peut aussi représenter l’amour volage comme sur le tableau de Johannes Vermeer où il répond à la scène de séduction d’une jeune fille buvant un verre de vin.
Par son jaune dynamique et son écorce rugueuse, le citron permet des contrastes de matières dans les compositions peintes.
Il peut être le sujet principal de l’oeuvre et apparaître sous des formes inattendues comme dans la “Nature morte” de Luca Forte, qui montre différentes sortes de citron.
On le trouve dans les guirlandes décoratives des sculptures en céramique des Della Robbia des XVe et XVIe siècles, où, bien plus qu’un ornement, il se fait le reflet du Divin.
Au XXe siècle, il devient même une source d’énergie électrique comme dans la “Capri-Batterie” du révolutionnaire Joseph Beuys.
Muse d’Henri Matisse à qui il évoque la force de la lumière méditerranéenne, le citron revêt pour Salvador Dali, une puissante métaphore divine, celle du Sauveur.
Si les oeuvres étaient privées de citron cela reviendrait à enlever son pendentif à “l’Hiver” d’Arcimboldo, et laisser vide l’assiette d’Edouard Manet. Ce serait laisser les poissons rouges de Roy Lichtenstein tourner seuls dans leur bocal, et tronquer “l’Autoportrait avec citron” de Paula Modersohn-Becker.
Sans celui qui rend toute sa brillance à l’argenterie de famille, et qui rince nos doigts après le plateau de fruits de mer – mayonnaise du 1er janvier, il manquerait à l’art ce je ne sais quoi, ce zeste de vie.
Toi qui en a maintenant l’oeil averti, que l’amour du citron soit toujours avec toi et dans ton esprit.
“Vous aussi, vivez citron”
Camille Philippon
HISTORY OF ART BASTARDS 